Malade et présent au bureau, est-ce autorisé ?

La mentalité de notre société moderne nous pousse à aller travailler même si nous n'en sommes physiquement plus capables. Le simple fait de tomber malade et de devoir rester à la maison est encore et toujours considéré comme un tabou. Le travail doit d'abord et avant tout être fait, n'est-ce pas ?

Dans un monde où la carrière prend de plus en plus le dessus sur la santé, il n'est pas surprenant de voir une véritable société du burn out se créer. Voilà ce qu'a conclu Paula Davis-Laack, avocate et experte en prévention du burn out.


Elle raconte avoir un soir dit à son mari qu'elle n'était pas malade alors qu'elle était fiévreuse et souffrait d'une toux sévère. Pour quelles raisons ? Elle avait des deadlines, des séances de coaching, des workshops et des rendez-vous planifiés. Son mari lui a répondu qu'elle n'avait pas trop le choix et qu'elle ferait mieux de lever le pied. Alors qu'elle était fébrile et assise à son bureau, elle remarqua qu'elle ne voulait vraiment pas lever le pied. Elle réalisa que le fait d'avoir poussé ses limites à un tel point avait des conséquences irrévocables sur sa santé mais également sa productivité.


Vous reconnaissez-vous dans cette situation ? Etes-vous aussi une personne qui continue à travailler même quand elle est malade ? Posez-vous les cinq questions ci-dessous, elles vous aideront à comprendre cette mauvaise habitude.

1. L'estime que vous avez des vous-même dépend-elle de votre travail ?

Il s'agit surtout de personnes avec un esprit de compétition qui ont le plus de mal à lâcher prise. Elles ne sont pas satisfaites de la manière dont elles ont bouclé leurs objectifs mais auraient pu les atteindre plus rapidement si elles avaient pris le recul nécessaire en termes de perspective mais également de santé. Un burn out peut vous rendre absent pendant une longue durée, bien plus que quelques jours de vacances, un peu de temps de réflexion ou toute autre forme d'interruption de travail. Peut-être que les personnes qui s'identifient en permanence à leur travail oublient que le reste de leur vie mérite également du temps et de l'attention. En effet, elles sont complètement absorbées par leurs projets, leurs objectifs et leur travail. Pensez aux autres aspects de votre vie qui méritent que vous leur accordiez du temps. Votre santé y est certainement liée.

2. Quels modèles et hypothèses erronées nourrissent vos habitudes quotidiennes ?

Nous emmagasinons beaucoup de choses tout au long de notre vie. Cela comprend les règles et les valeurs qui font que nous pensons que le monde doit fonctionner de telle ou telle manière. Ces représentations sont formées par la façon dont nous avons été élevés, nos expériences, nos propres principes, nos amis, notre environnement et notre culture.


Voici certains modes de pensée et croyances spécifiques des personnes qui ont du mal à lâcher prise au niveau professionnel :

  • Je dois être parfait et tout faire parfaitement.
  • Je dois être capable de faire tout ce que l'on me demande sans être stressé ni fatigué.
  • Je ne peux pas me détendre tant que je n'ai pas terminé tout ce que je devais faire.
  • Je sais tout faire tout seul.

Cela vous semble familier ? Etre orienté résultats et croire en soi-même est une chose mais chaque situation est différente et tout le monde a besoin de lever le pied ou se reposer de temps en temps. Vous ne serez pas performant si vous n'êtes pas bien dans votre peau.

3. Comment votre organisme vous fait-il savoir qu'il est temps de ralentir ?

Si votre corps est sous tension, il vous enverra des signaux. Vous souffrez soudainement beaucoup plus rapidement d'un rhume ? Votre système digestif est perturbé ? Etes-vous continuellement nerveux ? Souffrez-vous d'hypertension artérielle, de douleurs musculaires, d'allergies ou d'autres maladies ? Ecoutez votre corps et apprenez à reconnaître de tels signaux. Parlez-en à votre médecin car vous aurez souvent tendance à ne pas considérer le stress comme une maladie.

4. Votre environnement de travail ne vous permet pas de lever le pied ?

Nous ne sommes pas des machines et avons besoin de faire des pauses toutes les 90 à 120 minutes. Cela ne doit pas nécessairement être une longue interruption, un simple moment de repos suffit. Beaucoup d'employés qui travaillent à un niveau hiérarchique élevé ont l'impression de ne pas avoir le contrôle sur leur horaire de travail. Il y a toujours plus à faire et les délais impartis sont toujours plus courts. Ils sacrifient souvent leurs pauses ou choisissent consciemment de ne pas en prendre. Une enquête a révélé que ces personnes souffraient souvent de maladies cardiaques voire de dépressions. Passez votre flux de travail à la loupe et respectez les moments de tranquillité. Laissez-vous le temps de respirer de temps en temps.

5. Quels ajustements (réalistes) pouvez-vous faire ?

Déménager sur une île tropicale et arrêter de travailler est peut-être ce dont vous avez besoin, mais est-ce bien réaliste ? Probablement pas. Que pouvez-vous faire ?


Même si vous n'avez que peu de contrôle sur la manière dont votre patron vous donne du travail ou sur les règles appliquées sur votre lieu de travail, vous pouvez vous concentrer sur la manière dont vous réagissez à certaines situations. Ne passez pas à côté d'une conversation compliquée par souci de facilité. Soyez flexible et évaluez les différentes possibilités qui s'offrent à vous. Sachez dire 'non' tout en faisant preuve d'autoréflexion. Vous encourage-t-on à travailler plus ? Travaillez-vous plus que ce qui vous est demandé ? Vos objectifs sont-ils inatteignables ? Y a-t-il un manque de communication ? Pouvez-vous déléguer ?


Le plus important est d'être conscient qu'il y a quelque chose qui ne va pas et que, si vous n'avez le droit de faire une pause que lorsque vous êtes déjà malade, c'est qu'il est déjà trop tard. Placez votre santé sur le même pied d'égalité que votre carrière. Non, placez-la à un niveau supérieur et, si nécessaire, levez le pied. Vous en retirerez nettement plus à long terme.


(eh/jy) – Source : The Huffington Post 

13 septembre 2018