Plus de femmes chefs d’entreprise, svp

Une femme chef d’entreprise appela récemment à un boycott du congrès de l’organisation des employeurs Voka parce qu’aucun orateur n’était une femme. Difficile à nier : les femmes sont sous-représentées dans les cercles d’entrepreneurs. Est-ce dû à la discrimination ? « Oui ». Est-ce la faute de la Voka ? « Non », répond Frederik Anseel, professeur en psychologie des organisations de l’Université de Gand.
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Anseel : « Il y a de nombreux préjugés subtils et largement répandus selon lesquels les femmes depuis leur plus jeune âge ont du mal à devenir entrepreneur. Pour le démontrer, j’expose cette semaine les conclusions surprenantes d’une enquête sur l’hérédité. »

Combien de femmes ?

Des chiffres tout d’abord ; la Voka accompagne par an 250 jeunes indépendants, dont 14% sont des femmes. Chez les 1000 participants au congrès Voka, il y avait 300 femmes. Le Comité de Direction de la Voka compte 140 entrepreneurs dont 20 femmes. Pas vraiment impressionnant mais pas catastrophique non plus. Vous retrouvez ces proportions partout dans le monde.

D’où cela vient-il ? Réponse originale à cette question : une enquête a été réalisée auprès de 1.285 jumeaux suédois. « Des jumeaux », vous demandez-vous ? Oui, des jumeaux, avec lesquels Dame Nature de temps en temps fait même une expérience génétique amusante. Les vrais jumeaux ont en fait un matériel héréditaire identiquement pareil. Par contre, des faux jumeaux se ressemblent, génétiquement parlant, comme des frères et sœurs ordinaires. Si vous savez qui d’entre eux est devenu entrepreneur, vous pouvez définir quelle est la puissance des facteurs héréditaires.

Qu’en ressort-il ?

Les chances qu’une femme devienne entrepreneur sont déterminées à 60% par des facteurs héréditaires, à 40% par l’environnement propre à la personne mais à 0% par l’environnement partagé par des jumeaux. Chez les femmes, la famille n’aurait donc pratiquement pas d’influence sur les chances de devenir entrepreneur. Chez les hommes c’est l’inverse. L’hérédité ne semble jouer aucun rôle, mais l’environnement commun serait déterminant à concurrence de 60% et l’environnement unique à concurrence de 40%. L’entreprenariat chez les hommes serait donc fort déterminé par leur éducation au sein d’un foyer d’entrepreneurs. Qu’ils aient effectivement les bons gênes pour, ne joue aucun rôle.

La solution !

Pour les hommes, encouragés à prendre des positions dans notre société, cela influence en effet peu qu’ils aient le matériel génétique optimal pour devenir entrepreneur. Grâce à un climat familial stimulant, tout homme peut réussir. L’éducation et la société rendent les choses plus difficiles aux femmes, ce en raison de mécanismes subtils.

Seules les femmes qui ont une disposition génétique exceptionnelle réussiraient selon eux à devenir un chef d’entreprise efficace.

La solution ? Nous devons nous débarrasser de nos stéréotypes inconscients et de la discrimination feutrée. Encourageons l’entreprenariat féminin dans l’enseignement et accordons de l’attention au rôle de la femme.

18 décembre 2012
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