Les jeunes aspirent après des débouchés et les +50 ans craignent la perte d’emplois

"Les compliments forcés se remarquent tout de suite et font pire que mieux, ils diminuent l’estime de soi." (Reiner Van den Steen, spécialiste du recrutement chez KBC)
Nous nous sentons surmenés et stressés, mais ne trouvons pas de solution à ce fléau. En même temps, les jeunes sont avides de débouchés, insuffisantes selon leurs propres dires, et leurs ainés sont angoissés de perdre leur job. Ce sont les conclusions d’une enquête menée par le bureau de recherche de tendances Trendhuis auprès de 4.000 Belges.
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"Les compliments forcés se remarquent tout de suite et font pire que mieux, ils diminuent l’estime de soi." (Reiner Van den Steen, spécialiste du recrutement chez KBC)

Pour la sixième année consécutive, Trendhuis enquête sur la perception qui règne sur le marché de l’emploi, tant auprès des travailleurs que des employeurs. C’est le Fonds Social européen qui est le donneur d’ordre de l’enquête menée en collaboration avec Securex, KBC et Time4Society. Avec leur enquête, les initiateurs veulent mettre en évidence les maladies dont souffre notre mode de travail actuel.

Le stress semble pour beaucoup y contribuer. Selon les résultats, près de la totalité de la population active est exposée aux symptômes du stress. La moitié des Belges disent même être plus stressés que les cinq dernières années. Les plus grandes causes à ce stress ? Le surcroît de travail (58%), la combinaison vie de famille et travail (43%), le manque d’estime (39%), le mauvais management (34%), et un manque d’opportunités professionnelles (31%).

Courir le marathon

Pour alléger la charge, huit Belges sur dix aspirent à des heures flexibles. Six sur dix pensent que prendre du travail à la maison déstresse. Mais est-ce bien le cas ? Selon Frank Vander Sijpe, directeur du Centre de Recherches RH chez Securex, ce discours a deux côtés. « Auparavant, le travail et la vie privée étaient bien séparés. Aujourd’hui, ils convergent de plus en plus, sous l’influence de la technologie. Si votre supérieur en abuse, vous avez un problème. Que faites-vous des mails que vous recevez chez vous en dehors des heures ‘normales’ de travail ?

Cela ne peut tout de même  pas faire de mal un mail après les heures ? Vraisemblablement pas, mais où est la limite ? Pas si haut que cela. Plus de huit collaborateurs de PME sur dix souhaitent que leur employeur les laisse tranquilles après leurs heures de bureau.

Les employeurs voient cela tout autrement, relève l’enquête de Trendhuis. Les travailleurs se mettraient trop la pression dans leur vie privée, apprend-on. C’est comme si nous voulions tout à la fois : une vie sociale passionnante, plein de hobbys, se tenir au courant de tout, et entretemps encore relever des défis, comme courir le marathon. N’en faisons-nous pas de trop ? L’enquête révèle que quatre Belges sur dix parviennent difficilement à combiner leur travail et leur vie privée.

Immobilisme

Un autre domaine où notre mode de travail n’est pas au point ? Le manque d’estime au travail. La valorisation est cruciale.

95% des Belges l’attendent, mais deux tiers seulement disent en bénéficier. « Valoriser, ce n’est pas inscrit dans notre culture, déclare-t-on. Au travail, nous avons plutôt tendance à nous concentrer sur les évaluations, sur ce qui ne fonctionne pas bien. »

Les supérieurs doivent-ils désormais multiplier les compliments ? Non, signifie Reiner Van den Steen, spécialiste du recrutement chez KBC. « S’ils sont forcés, cela se remarque très vite, et cela porte atteinte à l’estime de soi. Quelle valeur peut bien avoir un compliment si l’on ne doit rien faire pour le mériter ? »

Même si les travailleurs belges se sentent peu valorisés, l’envie de chercher de la reconnaissance au bureau fait défaut chez beaucoup d’entre eux. ‘L’immobilisme au travail’, c’est le diagnostic que semble tirer Trendhuis. C’est un fait bien connu, le marché de l’emploi reste très statique. Plus de la moitié des collaborateurs n’ont pas changé d’employeur depuis une décennie. Les Belges cherchent la sécurité, pas l’aventure. La crise n’a fait que renforcer cette tendance.

Vouloir, oui, mais pas oser

Finalement, l’employeur est aussi dupe que les travailleurs à ce sujet, conclut l’enquête. Certains métiers et secteurs réussissent difficilement à attirer le personnel qualifié qu’il leur faut. De nombreux freins empêchent la mobilité du travail. Un ouvrier du bâtiment veut devenir professeur ? Il doit tant entreprendre avant de pouvoir donner sa première leçon qu’il en est découragé avant d’y être arrivé.

Pourtant, quatre travailleurs sur dix aimeraient bien changer d’entreprise à condition de ne pas devoir renoncer à la sécurité d’emploi. Tant qu’elle reste un point d’interrogation, plus de la moitié préfèrent rester chez leur employeur, ‘par sécurité’. Sept sur dix espèrent bien recevoir un jour une autre proposition chez leur employeur actuel.

Portrait des 20-35 ans

  • 6 travailleurs sur 10 veulent faire carrière. C’est plus que dans les autres tranches d’âge.
  • 1 sur deux se plaignent d’avoir trop peu d’opportunités de carrière.
  • La moitié souhaitent exercer un tout autre job.
  • 7 sur 10 veulent pouvoir choisir leurs avantages extralégaux.
  • 6 sur 10 aimeraient travailler de la maison.
  • 17 % sont prêts à travailler au delà de leurs 65 ans.

Portrait des 51-65 ans

  • 25% craignent ne plus pouvoir trouver un autre emploi.
  • 2 travailleurs sur 3 restent chez leur employeur actuel parce que c’est ‘plus sûr’.
  • 6 sur 10 disent que leur employeur tient compte de leur vie privée.
  • 2 sur 3 estiment que leur employeur assure un bon équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.
  • 3 sur 4 ont une préférence pour un employeur qui investit dans le social.

(sc/wv)

15 mai 2014
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