Intérim
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L’intérim trouvera sa croissance dans les métiers de pénurie

Le baromètre de l’intérim prédit une baisse du travail intérimaire au dernier quadrimestre 2011. Federgon, la fédération belge des entreprises de recrutement et de sélection a interrogé 442 professionnels, managers RH ou directeurs généraux qui emploient du personnel intérimaire. Pour un tiers d’entre eux, l’emploi intérimaire va baisser au dernier quadrimestre de cette année. Un peu moins que la moitié pense que le nombre d’intérims dans leur propre entreprise restera environ le même. Comparé au même quadrimestre de l’année passée, ils sont plus nombreux (29,49%) à attendre une hausse dans l’engagement d’intérimaires, alors que 27,27 % s’attendent à une baisse.
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Ce n’est pourtant pas si sombre dans le secteur. « La première moitié de 2011 a été très bonne », nous dit Paul Verschueren, Directeur du service économique chez Federgon. « Nous avons connu une augmentation de 15 à 20 %, comparé à l’année d’avant. En fait, nous avons poursuivi pendant la période l’évolution que le secteur a connue en 2010. C’est à partir de juillet que les premiers signes d’un retard de croissance se sont fait sentir. Pendant les mois de juillet, d’août et de septembre, la moyenne est retombée à 5% pour presque tous les segments de l’intérim. C’est surprenant, parce que les jobs d’ouvriers sont sensibles à la conjoncture, mais en principe ceux des salariés le sont beaucoup moins. Nous pensons que la croissance économique ne sera pas le moteur le plus important du secteur intérimaire, mais bien l’économie de pénurie qui se ressent toujours davantage. »

Retard

Jan Denys, spécialiste de l’intérim chez Randstad, constate aussi que le marché stagne depuis quelques semaines et régresse même quelque peu, mais pour l’instant uniquement chez les ouvriers. « Chez les employés, la croissance est toujours de circonstance et aussi chez les professionnels. Partout depuis mars, la croissance, comparée à 2010, régresse. Pour moi, c’est une évolution très logique. La croissance économique se calme depuis quelques mois. Le marché du travail réagit toujours avec du retard. Cela s’exprime d’abord chez les ouvriers qui sont davantage liés à la conjoncture. Et pour les employés, cela arrive plus tard. L’intérim pour ces derniers est aussi fort utilisé comme stratégie de recrutement. Même en période de faible croissance voire de déclin, on doit toujours remplacer les gens. C’est à cela que l’intérim sert. »

« Nous entendons du côté des entreprises qu’elles raccourcissent leur période de planning », raconte Frank Vervaeke, Directeur Commercial et Opérationnel chez Tempo-Team. « Normalement, nous voyons à 3 ou 4 mois. A présent, il nous est difficile d’estimer ce que seront nos activités à ce moment-là, ce qui a bien sûr des impacts sur le marché de l’intérim. C’est tout aussi logique qu’il y ait une forte corrélation entre la croissance du produit intérieur brut et les chiffres de l’intérim. Maintenant que la croissance économique est à l’arrêt, l’intérim emboîte le pas. Le démarrage des élections sociales de l’an prochain fait aussi sentir ses effets. Le personnel intérimaire est comptabilisé parmi les effectifs. Les entreprises qui sont juste sous le seuil pour organiser des élections, sont souvent un peu plus prudentes dans la politique de recrutement pour ne pas dépasser cette frontière. »

Très bon printemps

Paul Verschueren de Federgon souligne aussi que le retard dans l’activité intérim est une conséquence du net recul de l’activité économique. « Ce recul s’est ressenti plus fort en Flandre qui était conjoncturellement plus en avance sur les autres régions. Pourtant, nous avons eu un très bon printemps. J’y vois trois explications. D’abord, nous constatons très clairement que le recul prend place depuis l’été dans les secteurs qui avaient enregistré un bon semestre. On a connu une forte dynamique de croissance avec un mouvement de rattrapage de l’industrie technologique, des sciences de la vie et de l’alimentation. En tant que secteur, nous en avons profité. »

Deuxième cause de la tendance structurelle positive que nous connaissons dans l’intérim : les entreprises sont de plus en plus confrontées à l’étroitesse du marché du travail. « Dans ce contexte de pénurie de main d’œuvre, les entreprises font plus appel à des partenaires extérieurs pour engager ou rechercher leurs candidats. A cela s’ajoute que le secteur en 2008-2009 avait fondu d’un quart. La croissance de l’année passée et du début de cette année était donc plutôt forte mais a fait que nous soyons revenus à un niveau déjà atteint autrement. »

Statut quo

C’est un peu comme si nous regardions dans le marc de café, mais peut-être que la tendance actuelle va se poursuivre au dernier quadrimestre. « Nous attendons un statut quo et tenons compte d’un léger recul », raconte Verschueren. Si nous regardons l’activité globale en 2011, je pense que nous arrivons à une augmentation d’environ 10%, grâce aux excellents chiffres du début de l’année. »

« Ce qui va se passer dans les mois à venir dépend complètement de la situation économique », explique Jan Denys : « Si nous connaissons en 2012 une croissance de 0,8% ce qui est maintenant le scénario de base, alors ce n’est pas un recul que nous ressentirons mais une stabilisation. Ce n’est néanmoins pas certain que la croissance revienne effectivement. Si celle-ci est nulle ou négative, naturellement il y aura alors un recul. Mais on ne va pas aller si loin. »

Paul Verschueren fait référence au fait que ces dernières semaines, les prévisions de croissance pour l’économie se sont systématiquement resserrées jusqu’à ces 0,8%. Mais il pense aussi que c’est trop tôt de déduire que la croissance de l’an prochain sera nulle. « Nous pensons que la croissance économique n’est pas le moteur le plus important du secteur de l’intérim mais bien l’économie de pénurie qui se ressent toujours davantage. »

Autorités

« Il y a encore autre chose d’important pour le marché de l’emploi », ajoute Frank Vervaeke. « Les autorités restent à l’instant un territoire interdit à l’intérim, mais la Commission Européenne insiste pour libérer le domaine public au secteur intérimaire. C’est repris dans un accord communautaire, mais cela doit encore être exécuté. Cela donnerait en tout cas une bonne impulsion à notre secteur. Le scénario de recul est toujours possible mais le marché du travail connaîtra encore des pénuries de main d‘oeuvre. Avec plus de 200 professions à forte pénurie, cela reste, pour beaucoup de jobs, très difficile de trouver des gens. L’intérim représente un canal d’entrée important. »

« Pour ce qui concerne le personnel propre à l’entreprise, la branche intérimaire se prépare à une éventuelle récession », raconte Jan Denys. « Nous travaillons nous-mêmes avec du personnel intérimaire et la mobilité de nos travailleurs reste saine. Cela signifie que le chiffre d’affaires doit tomber bien bas avant que le personnel propre à l’entreprise soit en surnombre. On n’en est pas encore là du tout. »

12 février 2013
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L’intérim trouvera sa croissance dans les métiers de pénurie

Le baromètre de l’intérim prédit une baisse du travail intérimaire au dernier quadrimestre 2011. Federgon, la fédération belge des entreprises de recrutement et de sélection a interrogé 442 professionnels, managers RH ou directeurs généraux qui emploient du personnel intérimaire. Pour un tiers d’entre eux, l’emploi intérimaire va baisser au dernier quadrimestre de cette année. Un peu moins que la moitié pense que le nombre d’intérims dans leur propre entreprise restera environ le même. Comparé au même quadrimestre de l’année passée, ils sont plus nombreux (29,49%) à attendre une hausse dans l’engagement d’intérimaires, alors que 27,27 % s’attendent à une baisse.
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Ce n’est pourtant pas si sombre dans le secteur. « La première moitié de 2011 a été très bonne », nous dit Paul Verschueren, Directeur du service économique chez Federgon. « Nous avons connu une augmentation de 15 à 20 %, comparé à l’année d’avant. En fait, nous avons poursuivi pendant la période l’évolution que le secteur a connue en 2010. C’est à partir de juillet que les premiers signes d’un retard de croissance se sont fait sentir. Pendant les mois de juillet, d’août et de septembre, la moyenne est retombée à 5% pour presque tous les segments de l’intérim. C’est surprenant, parce que les jobs d’ouvriers sont sensibles à la conjoncture, mais en principe ceux des salariés le sont beaucoup moins. Nous pensons que la croissance économique ne sera pas le moteur le plus important du secteur intérimaire, mais bien l’économie de pénurie qui se ressent toujours davantage. »

Retard

Jan Denys, spécialiste de l’intérim chez Randstad, constate aussi que le marché stagne depuis quelques semaines et régresse même quelque peu, mais pour l’instant uniquement chez les ouvriers. « Chez les employés, la croissance est toujours de circonstance et aussi chez les professionnels. Partout depuis mars, la croissance, comparée à 2010, régresse. Pour moi, c’est une évolution très logique. La croissance économique se calme depuis quelques mois. Le marché du travail réagit toujours avec du retard. Cela s’exprime d’abord chez les ouvriers qui sont davantage liés à la conjoncture. Et pour les employés, cela arrive plus tard. L’intérim pour ces derniers est aussi fort utilisé comme stratégie de recrutement. Même en période de faible croissance voire de déclin, on doit toujours remplacer les gens. C’est à cela que l’intérim sert. »

« Nous entendons du côté des entreprises qu’elles raccourcissent leur période de planning », raconte Frank Vervaeke, Directeur Commercial et Opérationnel chez Tempo-Team. « Normalement, nous voyons à 3 ou 4 mois. A présent, il nous est difficile d’estimer ce que seront nos activités à ce moment-là, ce qui a bien sûr des impacts sur le marché de l’intérim. C’est tout aussi logique qu’il y ait une forte corrélation entre la croissance du produit intérieur brut et les chiffres de l’intérim. Maintenant que la croissance économique est à l’arrêt, l’intérim emboîte le pas. Le démarrage des élections sociales de l’an prochain fait aussi sentir ses effets. Le personnel intérimaire est comptabilisé parmi les effectifs. Les entreprises qui sont juste sous le seuil pour organiser des élections, sont souvent un peu plus prudentes dans la politique de recrutement pour ne pas dépasser cette frontière. »

Très bon printemps

Paul Verschueren de Federgon souligne aussi que le retard dans l’activité intérim est une conséquence du net recul de l’activité économique. « Ce recul s’est ressenti plus fort en Flandre qui était conjoncturellement plus en avance sur les autres régions. Pourtant, nous avons eu un très bon printemps. J’y vois trois explications. D’abord, nous constatons très clairement que le recul prend place depuis l’été dans les secteurs qui avaient enregistré un bon semestre. On a connu une forte dynamique de croissance avec un mouvement de rattrapage de l’industrie technologique, des sciences de la vie et de l’alimentation. En tant que secteur, nous en avons profité. »

Deuxième cause de la tendance structurelle positive que nous connaissons dans l’intérim : les entreprises sont de plus en plus confrontées à l’étroitesse du marché du travail. « Dans ce contexte de pénurie de main d’œuvre, les entreprises font plus appel à des partenaires extérieurs pour engager ou rechercher leurs candidats. A cela s’ajoute que le secteur en 2008-2009 avait fondu d’un quart. La croissance de l’année passée et du début de cette année était donc plutôt forte mais a fait que nous soyons revenus à un niveau déjà atteint autrement. »

Statut quo

C’est un peu comme si nous regardions dans le marc de café, mais peut-être que la tendance actuelle va se poursuivre au dernier quadrimestre. « Nous attendons un statut quo et tenons compte d’un léger recul », raconte Verschueren. Si nous regardons l’activité globale en 2011, je pense que nous arrivons à une augmentation d’environ 10%, grâce aux excellents chiffres du début de l’année. »

« Ce qui va se passer dans les mois à venir dépend complètement de la situation économique », explique Jan Denys : « Si nous connaissons en 2012 une croissance de 0,8% ce qui est maintenant le scénario de base, alors ce n’est pas un recul que nous ressentirons mais une stabilisation. Ce n’est néanmoins pas certain que la croissance revienne effectivement. Si celle-ci est nulle ou négative, naturellement il y aura alors un recul. Mais on ne va pas aller si loin. »

Paul Verschueren fait référence au fait que ces dernières semaines, les prévisions de croissance pour l’économie se sont systématiquement resserrées jusqu’à ces 0,8%. Mais il pense aussi que c’est trop tôt de déduire que la croissance de l’an prochain sera nulle. « Nous pensons que la croissance économique n’est pas le moteur le plus important du secteur de l’intérim mais bien l’économie de pénurie qui se ressent toujours davantage. »

Autorités

« Il y a encore autre chose d’important pour le marché de l’emploi », ajoute Frank Vervaeke. « Les autorités restent à l’instant un territoire interdit à l’intérim, mais la Commission Européenne insiste pour libérer le domaine public au secteur intérimaire. C’est repris dans un accord communautaire, mais cela doit encore être exécuté. Cela donnerait en tout cas une bonne impulsion à notre secteur. Le scénario de recul est toujours possible mais le marché du travail connaîtra encore des pénuries de main d‘oeuvre. Avec plus de 200 professions à forte pénurie, cela reste, pour beaucoup de jobs, très difficile de trouver des gens. L’intérim représente un canal d’entrée important. »

« Pour ce qui concerne le personnel propre à l’entreprise, la branche intérimaire se prépare à une éventuelle récession », raconte Jan Denys. « Nous travaillons nous-mêmes avec du personnel intérimaire et la mobilité de nos travailleurs reste saine. Cela signifie que le chiffre d’affaires doit tomber bien bas avant que le personnel propre à l’entreprise soit en surnombre. On n’en est pas encore là du tout. »

12 février 2013
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