Maladie
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Les congés pour raisons impérieuses

Pourquoi le burnout est un phénomène nouveau

Nos grands-parents n’ont sûrement jamais connu de burn out. Avant cela n’existait tout bonnement pas. Aujourd’hui, c’est bel et bien devenu un mot à la mode. Est-ce une maladie tout droit sortie de l’imagination des enquêteurs ou y a –t-il vraiment quelque chose derrière ce terme ?
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Un burn out figure souvent dans la liste des troubles du déficit de l’attention (Attention Deficit Hyperactivity Disorder) qui ont reçu l’étiquette de ‘maladies imaginaires’. « A tort », nous dit l’experte en stress et burn out, Nell van de Ligt. « Un burn out n’est pas une maladie à la mode. Le danger de cette étiquette est qu’on ne prenne pas la maladie au sérieux et que rien ne soit entrepris pour y remédier. Vous niez le fait que beaucoup souffrent d’un burn out ? Observez donc parmi vos proches qui n’a jamais été knock out au moins une fois. Avec une telle attitude, vous vous fermez aux pistes de solutions. Et en plus, des nouvelles maladies, il en arrive toujours dans notre société, c’est devenu courant. »

Le terme revient au pyschanalyste Herbert J. Freudenberger

Le terme a été introduit aux Etats-Unis par le psychanalyste Herbert J. Freudenberger. Il affirmait que des travailleurs très dévoués, impliqués et enthousiastes après un an se transformaient pour des raisons inexplicables en collaborateurs indifférents, désillusionnés et distants, n’arrêtant pas de se plaindre. « De nos jours on sait que le burn out peut survenir après un gros stress au travail. Dans ce domaine, il y a des professions à risque, mais en fin de compte chacun peut en pâtir », raconte Nell van de Ligt.

Changement de société

« Le buron out coûte beaucoup d’argent à la collectivité. Les frais annuels des effets d’un stress au travail et d’un burn out ont été estimés par TNO, le centre de connaissances indépendant néerlandais, à quelque 4 milliards d’euros. Il doit bien y avoir une raison qui explique l’émergence du burn out dans notre société. Il y a quelque chose de changé entre l’individu et la société, ce qui a permis la naissance de cette maladie assez jeune. Notamment sur le plan de la charge de travail.

Nell van de Ligt voit 3 changements fondamentaux de ces 40 dernières années, responsables du burn out :

1. Le glissement sur une courte période d’un labeur manuel au travail intellectuel

Ces temps-ci, nous travaillons beaucoup plus avec notre tête qu’avec nos bras. Par le progrès de la technologie et l’automatisation des tâches d’exécution, nous sommes davantage amenés à piloter qu’à exécuter. L’usage du PC renforce encore ce phénomène.

2. La charge du travail a considérablement augmenté

La charge intellectuelle, sociale et émotionnelle du travail s’est accrue. Le travail est devenu plus intensif et la tension s’est développée. On fait bien plus appel à l’individu sur le plan personnel. On doit davantage collaborer, expliquer, se réunir, planifier et résoudre des conflits… Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. En plus, on est censé être disponible par gsm à tout instant de la journée.

3. On attend une implication totale, même après les heures de travail

Notre situation à la maison a sérieusement changé. On attend encore de nous que l’on s’implique après le bureau. Avant, il y avait des modèles et des rôles bien définis. La femme s’occupait du ménage et l’homme revenait à la maison se reposer après une journée fatigante. Après le travail, aujourd’hui, la journée n’est pas finie, beaucoup de choses restent à résoudre et les tâches ménagères reposent sur les deux partenaires. « C’est donc essentiel de bien séparer le professionnel et le privé, sinon il y a surcharge et le burn out menace », conclut Nell van de Ligt.

(mr/sc)

Nell van de Ligt est experte en stress et en burn out. Elle en a connu un elle-même et a voulu investiguer pour en connaître les tenants et aboutissants. En 2007, elle a fondé sa société Ligpunt pour former les supérieurs désireux d’éviter à leurs collaborateurs burn out et stress. En outre, elle accompagne les collaborateurs qui menacent d’en faire un ou qui en souffrent.

10 juillet 2012
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