« En tant que préparateur physique d'une équipe de football, on gagne beaucoup moins que les joueurs. Mais je n'ai pas à me plaindre »
Damien Broothaerts est préparateur physique au KVC Westerlo. À quoi ressemble son quotidien ? N'importe qui peut-il devenir préparateur physique dans un club de football ? Et... est-ce un travail bien rémunéré ?
Nous nous sommes entretenus avec Damien à la suite de l'épisode « All Access » de DAZN, qui mettait son travail en lumière.
Check : En quoi consiste exactement le job de Damien ?
Dites-nous Damien, qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
« Faire partie d'un groupe en pleine forme physique, avec peu de blessures. Pouvoir constater que les joueurs ne s'améliorent pas seulement physiquement mais qu'ils prennent également plaisir à venir aux entraînements, parce que ceux-ci ne sont jamais ennuyeux et suffisamment stimulants. »
« Je trouve également que le contact social avec l'ensemble du groupe est très important, et pas seulement avec un ou deux joueurs du noyau. Je trouve fascinant de pouvoir leur enseigner et d'apprendre des choses sur ce qu'est la vie d'un athlète de haut niveau. »
Qu'est-ce qui vous plaît le moins dans votre travail ?
« Peut-être tout ce qui touche aux données ainsi que les mois d'hiver froids (rires). Mais aussi quand les choses ne vont pas très bien pendant un certain temps et que l’on perd 2 ou 3 matches d’affilée ou qu’il y a quelques blessures au sein de l’équipe. De telle situations sont parfois frustrantes mais nous essayons alors de gérer au mieux et le plus rapidement possible la situation afin que l’optimisme regagne notre quotidien. »
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Êtes-vous stressé dans le cadre de votre travail ?
« Le stress, je ne connais pas (rires). Je n'ai jamais rien connu d'autre en tant qu'athlète de haut niveau. Je pense qu'il y a une différence lorsque vous considérez cela comme un simple travail. Pour moi, c'est une passion, un mode de vie. On ne compte pas ses heures, il faut être fort mentalement et être capable de faire face aux échecs. Parce que oui, c'est vraiment un travail difficile mais c'est exactement la même chose que lorsqu'on est un athlète de haut niveau. »
Et vous ? Qu'est-ce qui vous stresse ?
S'agit-il des compétences les plus importantes dont vous avez besoin en tant que préparateur physique d'une équipe de football ?
« Peut-être. Mais le plus importante est probablement la communication : être capable de transmettre clairement les exercices afin qu'ils soient exécutés de la bonne manière. Et oui, être sportif soi-même est certainement un plus, mais pas nécessairement une obligation. Il est préférable de pouvoir participer soi-même à l'entraînement (rires). La connaissance du football et l'aspect physique du sport primeront toujours. »
Quels bons conseils pouvez-vous donner à quelqu'un qui souhaite travailler comme préparateur physique dans une équipe de football de haut niveau ?
« Je forme des entraîneurs physiques dans ma propre académie, la DB Academy, car la demande et le besoin d'entraîneurs physiques dans le football augmentent. De nombreuses équipes amateurs n'en ont pas encore donc je conseillerais d’aller les voir, de vous présenter et de proposer une méthode de travail (avec un système de suivi et des données) si leur pouvoir financier le permet. Les clubs de haut niveau ont souvent déjà un préparateur physique mais, vu l'importance croissante de ce poste, ils auraient tout intérêt à en recruter davantage. »
« Je pense qu'on n'apprend le métier de préparateur physique en le pratiquant. Vous pouvez apprendre la théorie à l’école, mais la pratique est encore plus importante, peut-être la plus importante. C'est sur le terrain que l'on apprend exactement ce dont les joueurs ont besoin, comment communiquer avec eux, etc. En tant que préparateur physique débutant ambitieux, concentrez-vous sur le bas de l’échelle et acquérez le plus d’expérience possible. N'exigez pas trop d'un coup, n'exigez pas d'entraîner toute l'équipe, mais commencez avec 1 ou 2 joueurs et grandissez ainsi. Après tout, c’est ainsi qu’on acquiert le plus d’expérience. »
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Quelle est le préjugé le plus répandu au sujet de votre métier de préparateur physique ou du football ?
« Quand les gens entendent que je travaille dans le football, ils pensent immédiatement que c'est la belle vie, avec beaucoup de bling-bling. En réalité, c'est très dure et demande beaucoup de travail. Ils ne regardent que les joueurs. Nous travaillons énormément en coulisses, y compris avant et après les matches, et nous sommes responsables de 25 joueurs, ce qui n'est pas une mince affaire. Cela demande beaucoup de temps et d'énergie. Il ne s'agit pas simplement d'obliger quelqu'un à faire quelque chose. Vous devez amener et maintenir 25 joueurs au sommet de leur forme, chaque jour pendant toute une saison. Cela ne se fait pas tout seul. »
Une autre idée reçue concerne vraisemblablement votre salaire. Êtes-vous bien payé ?
« Je gagne de toute façon beaucoup moins que les joueurs mais je n’ai pas à me plaindre. Je ne refuserais bien évidemment jamais une augmentation (rires). Je pense qu’un certain nombre de personnes dans d’autres secteurs gagnent probablement moins que moi, mais il y en a aussi d’autres qui gagnent beaucoup bien mieux leur vie. Quoi qu'il en soit, c'est une bonne chose que l'importance des préparateurs physiques dans le football soit reconnue. Les salaires des membres du staff augmentent à cet égard, surtout lorsque vous changez de club et qu'ils vous veulent vraiment dans leur équipe. »
« De ce point de vue, l’évolution plus professionnelle du football est une bonne chose pour des gens comme moi. Mais vous ne m'entendrez certainement pas me plaindre. C'est ma passion, donc c'est génial de pouvoir en vivre. »
Calculez : Gagnez-vous suffisamment bien votre vie ?
VIDEO: The sh*ttiest job in football! 💩💪 All Access EP. 2 | KVC Westerlo
(kv) Photos : DAZN
28 octobre 2024