Equilibre vie privée/professionnelle
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Les effets positifs du mindfulness

Frans Colruyt et Wouter Torfs, hauts responsables des chaînes de magasins qui portent leur nom, sont des fervents adhérents du mindfulness. Ils encouragent leur personnel à se former à cette technique. Mais est-elle vraiment efficace dans un environnement professionnel ?
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Frans Colruyt est un des fondateurs du 'Heerlijckyt', une ferme transformée il y a quelques années en un lieu de réflexion personnelle. Dans ce centre, exploité par une équipe sous la direction de sa nièce, des formations sont données à des membres du personnel. Celles-ci visent une nouvelle norme de leadership tentant de relier le cerveau, le cœur, le corps et l’âme.


Colruyt veut encourager ses travailleurs à accéder à la connaissance de soi, et offre de nombreuses formations à ce sujet. L’entreprise y investit des montants non négligeables – à savoir 4% de sa masse salariale – mais est consciente que cet effort peut rapporter gros. "Lorsque les collaborateurs acquièrent une meilleure connaissance d'eux-mêmes et qu'ils se sentent bien dans leur peau, ils fonctionnent mieux, même au travail, et prestent surtout avec plus de plaisir."

Qu’est-ce que le mindfulness ?

De quoi s’agit-il concrètement ? Le mindfulness permet d’orienter consciemment son attention sur quelque chose : vous restez dans l’ici, le maintenant, et ne jugez pas de vos pensées.


Cela peut sembler quelque peu abstrait, mais le mindfulness est en réalité bien utile dans la vie quotidienne. Nous avons tous vécu des moments où nous étions présents lors d'un évènement, où notre attention était maximale et notre intérêt pleinement éveillé. Admirer un beau paysage, des enfants qui jouent, vaquer à ses passions ou écouter les oiseaux chanter… Nous ne connaissons hélas que peu de moments similaires lors desquels nous sommes pleinement attentifs.


Les conséquences sont bien connues : stress, angoisse,… C’est à ce moment-là que le mindfulness intervient. Le mental de la plupart d’entre nous est orienté vers la philospohie du 'toujours plus, mieux, plus amusant, plus loin, plus vite…' Souvent, nous ne sommes pas contents de ce que nous vivons ni de la situation dans laquelle nous nous trouvons, et tentons d’amener du changement. Depuis notre plus jeune âge, nous avons appris à éviter autant que possible ce qui ne nous met pas à l’aise et nous voulons toujours plus de sensations agréables.


Désirer continuellement changer une situation stressante (continuer à y penser ne suffit malheureusement pas à la faire changer) ne fait que nous ajouter de la tension. Stress, dépression et fatigue en sont les effets prévisibles. En pratiquant le mindfulness, vous pouvez réellement changer les choses. Vous entraînez votre attention et parvenez à gérer la situation difficile ou les sentiments désagréables. Résultat : vous vous sentez plus calme et reposé.

Le Mindfulness est efficace au travail

La question revenant le plus souvent est la suivante : le mindfulness a-t-il aussi du sens dans un contexte professionnel ? Les solutions soft ne sont pas vraiment à l’ordre du jour. Les formations proposées par le 'Heerlijckyt' suivent cette tendance. En raison de la crise économique et financière, beaucoup de chefs d’entreprise ne savent plus trop de quel bois se chauffer. Même les écoles de business ont découvert cette thématique et intègrent des cours de connaissance de soi et de conscience corporelle dans leur cursus.


"L’idée que le chef résout tout est dépassée. Le leadership en entreprise devient de plus en plus collectif", confie Jesse Segers, professeur à l’Antwerp Business School. "Les entreprises commencent à comprendre qu’elles ont besoin d’équipes qui agissent comme des leaders."


Les organisations parlent de plus en plus de mindfulness, avec prudence bien sûr. En effet, si cette philosophie est exercée avec bienveillance, sa pratique peut être utile dans un environnement professionnel complexe. Tel est ce que l’on peut lire dans le 'Harvard Business Review'.

Mieux gérer l’incertitude et les changements rapides

Les individus pratiquant la méditation obtiennent généralement de meilleurs résultats aux tests portant sur l’autorégulation et la concentration, qualités très importantes pour garder la tête hors de l’eau au bureau lorsque les circonstances sont incertaines et mouvantes.


Une récente étude montre que le mindfulness peut influencer le cerveau. Quiconque étant en prise avec un environnement professionnel complexe pourrait, à sa manière, mieux prendre en compte de telles contraintes. En 2011, le 'Harvard Business Review' diffusa une étude dans le cadre de laquelle des travailleurs étaient soumis à un programme de mindfulness pendant 8 semaines. Suite à cela, une montée significative de la concentration de matière grise fut observée auprès des participants.


Depuis, de nombreuses études furent notamment menées sur la manière dont la méditation (technique la plus populaire en matière de mindfulness) influence le cerveau. En 2014, les enquêteurs de la University of British Columbia et de la Chemnitz University of Technology s’intéressèrent aux régions cérébrales influencées par le mindfulness.

Matière grise

Deux régions sont très intéressantes pour le monde professionnel. La première est l’ACC (cortex cingulaire antérieur), une structure profonde à hauteur du front située juste derrière le lobe frontal.


L’ACC est associé à l’autorégulation et nous indique le comportement adapté, facilite la focalisation de l’attention et élargit nos capacités d’adaptation à certaines stratégies. Les personnes ayant des soucis au niveau de cette région cérébrale sont impulsives, agressives et manquent de flexibilité mentale. En pratiquant la méditation, elles réussissent souvent mieux les tests en matière d’autorégulation et de concentration. De fait, elles affichent plus d’activités dans l’ACC que celles qui ne méditent jamais. Selon les scientifiques, l’ACC est principalement intéressant pour garder la tête hors de l’eau lorsque nous sommes confrontés à l’incertitude ainsi qu'à des circonstances changeantes.


La seconde région intéressante est l’hippocampe. En 2011, lors de l’enquête sur le mindfulness, cette zone a montré une quantité plus dense de matière grise chez les personnes participantes. L’hippocampe se trouve à hauteur des tempes de chaque côté du cerveau. Il s'agit d'une partie du système limbique, une série de structures associées aux émotions et à la mémoire. Cette région est très sensible au cortisol (l’hormone de stress) et le stress chronique est capable d’y faire des dégâts, un danger dans le monde professionnel exigeant que nous connaissons.


Ces découvertes quant à l’influence du mindfulness sur ces régions n’en sont qu’à leurs balbutiements. Les neuroscientifiques ont également montré que rien que l’exercice du mindfulness exerçait aussi des effets sur la perception, la tolérance à la souffrance, la régulation des émotions, l’introspection et la pensée complexe. De nombreuses autres études doivent encore être menées sur les mécanismes sous-jacents. Le mindfulness ne peut pas être appliqué pour n’importe quel problème. C’est davantage une attitude que quelque chose que l’on peut activer ou désactiver.


Dans votre vie professionnelle, vous serez plus que probablement amenés à rencontrer une série d’incertitudes et de circonstances changeantes. Les formations à l’attention que vous pouvez suivre via le mindfulness peuvent vous aider dans ce sens.


(EH) (SC) Sources : heartfulness.be, HR.square, De Morgen en Harvard Business Review 

9 avril 2015
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