Les candidats bilingues sont des perles rares sur le marché du travail
La guerre des talents permanente donne du fil à retordre aux entreprises souhaitant attirer les candidats les plus qualifiés.
"Les lave-vaisselle devront toujours être vidés" (Bart Moens de Workinc).
Bart Moens donne un exemple de sa propre carrière. "Dans mon emploi précédent d'expert du marché de l’emploi à la Voka, je contribuais à l'organisation de séminaires. Cela impliquait des tâches d’ordre pratique allant du traitement des inscriptions aux commandes de sandwichs, au pliage des dossiers et au nettoyage des tasses de café. Je ne dirais pas que j’étais trop qualifié pour effectuer ces tâches mais plutôt que cela ne correspondait pas au contenu initial de ma description de fonction."
Bart Moens constate une situation similaire dans de nombreuses entreprises et secteurs. "Bon nombre d'ingénieurs effectuent par exemple des tâches administratives qui pourraient parfaitement être traitées par d'autres personnes. Cela leur rendrait service car ils n’ont bien souvent pas suffisamment le temps pour mener à bien leurs tâches principales entrant dans le cadre de leurs qualifications."
Avec la coopérative Workinc de Kessel-Lo, Bart Moens souhaite aider les entreprises à pourvoir leurs postes vacants en envisageant les emplois différemment. La société assiste les employeurs à cet effet. "L'objectif est d'extraire des tâches simples du package de l’employé qualifié pour ensuite constituer de nouveaux postes disponibles pour les chercheurs d’emplois. Cette méthode est déjà plus établie aux Pays-Bas", précise Bart Moens.
Le motif de la refonte des tâches n'est pas seulement l'efficacité, mais aussi la rareté sur le marché du travail. "Malgré les investissements dans des campagnes d’image de marque de l’employeur, des recruteurs qualifiés et des tactiques de recrutement intelligentes, il reste très difficile pour de nombreuses entreprises de trouver des employés appropriés. Tout cela alors qu'il y a encore beaucoup de potentiel inexploité sur le marché du travail : les personnes moins qualifiées, les plus de 55 ans, les personnes issues de l'immigration ou encore les personnes handicapées". Bart Moens vise clairement ces personnes quelque peu vulnérables. "Les corbeaux blancs sont difficiles à trouver, mais il y a encore beaucoup de pics aux couleurs vives", poursuit-il.
Selon Bart Moens, les employeurs eux-mêmes en bénéficieraient également. "Cela leur permettrait non seulement de mieux utiliser les talents disponibles, mais c'est aussi économiquement intéressant pour eux : des tâches simples sont effectuées par des employés d'un niveau inférieur et donc à un coût salarial plus faible. Il ne s'agit donc pas de créer de nouveaux emplois mais de revoir en profondeur les postes existants."
La grande question est bien sûr de savoir si, en période de pénurie, les entreprises n'ont pas déjà tenté cet exercice par elles-mêmes ? Selon Bart Moens, ce n’est pas le cas. Il admet et constate que de nombreuses tâches sont fragmentées dans les organisation. "Les entreprises ont un aperçu des tâches principales mais pas des tâches supplémentaires qui se retrouvent entre les mains des employés. Ce n'est que lorsque vous effectuez réellement des analyses de tâches que le franc tombe et qu'ils réalisent tout ce qu’implique chaque fonction."
Certaines tâches ne peuvent pas être complètement éliminées. Bart Moens cite l'exemple de l'accueil dans une entreprise. "En supprimant la personne à l'accueil et en permettant aux visiteurs de s'inscrire via une tablette, les questions classiques seront inévitablement posées à la personne qui se trouve à proximité de l'entrée. Certaines tâches ne peuvent pas disparaître. Peu importe comment vous abordez la problématique, les lave-vaisselle devront toujours être vidés et certaines personnes demanderont toujours du lait avec leur café", illustre-t-il.
Dans certains secteurs, la redistribution des tâches est déjà à l’ordre du jour. Bart Moens fait référence aux tâches des infirmières qui sont transférées aux aides-soignants ou des dentistes aux hygiénistes dentaires. "Mais le transfert de ces tâches à tout ce potentiel inexploité sur le marché du travail demande du temps et nous devons tous y travailler."
(eh/ll/wv)
18 décembre 2019Plus de 440.000 utilisateurs recoivent nos astuces
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